Publication : Patrick Harismendy et Gilles Richard (dir.), “Le Joint français, printemps 1972. Les échos d’une grève en Bretagne”, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2024

Médiatisée à l’échelle nationale puis analysée à chaud, cette grève victorieuse fut-elle pour autant « emblématique » des insubordinations ouvrières, ainsi qu’on le dit toujours ? Elle fut avant tout singulière. Encore fallait-il le prouver. Pour cela, les actes du colloque tenu en mai 2022 ont été considérablement enrichis de témoignages d’actrices, de cartes urbaines et de plans de l’usine, ainsi que de deux ensembles documentaires inédits, allant d’extraits du journal interne de l’entreprise à des messages de soutien en passant par le décompte méticuleux des sommes rassemblés pour les familles grévistes. Derrière le mouvement social qui fédéra des forces ambivalentes dans leur mobilisation, il s’est aussi agi d’écrire l’histoire croisée de gestes de travail dangereux ou surveillés. Frappée au sceau de l’incurie, la direction ferma l’usine, rendant ainsi disponible à la résistance ou à la fête la ville de St-Brieuc, réputée « cité gentille », alors à son apogée démographique mais déjà grevée de handicaps pour son avenir.

Quant à l’appel durant le conflit à la résistance culturelle bretonne, s’il fut efficace en 1972, il s’avéra inopérant lors d’une autre grève, en 1979, perdue celle-ci. Entre les deux dates, comme un peu partout ailleurs, était venu le temps des sites industriels noyés au sein de conglomérats financiers mus par le capitalisme de management.

Table des matières

Herve Guihard,

Préface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

Patrick Harismendy,

Avant-propos. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..15

Première partie

TÉMOIGNAGES

Marie-Antoinette Pointeau,

L’usine vue par son médecin du Travail. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

Marie Bartholomes, Fatima Berkani, Julia Le Louarn et Marylene Ledigarcher

Des ouvrières au Joint français, 50 ans après. Les comment du pourquoi. . . . . . . . . . . .61

Jean-Paul Dibouès,

La grève au travers des archives de l’INA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

Deuxième partie

UNE ENTREPRISE EN SES MILIEUX

Gilles Richard,

1972, l’échec de la « Nouvelle société ».

Comment empêcher un nouveau Mai 68 ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

Loic Vadelorge,

« Allez dire à la ville… » Existe-t-il une dimension urbaine

de la grève du Joint français ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..101

Yves Bouvier,

Le conflit du Joint français dans la CGE d’Ambroise Roux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115

Vincent Porhel,

Le Joint français : un patronat désarmé ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131

Yvon Tranvouez,

Le contexte religieux de la grève du Joint français. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..45

Troisième partie

UNE GRÈVE COMME CONCURRENCES DES ENGAGEMENTS

Christian Bougeard,

La Bretagne : une région à droite au début des années 1970. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .173

Romain Castellesi

« CGT, trahison ! » Cégétistes et communistes à l’épreuve

de la grève du Joint français (1962-1973). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..187

Ambroise Georget,

Engagement étudiant et mobilisations ouvrières. Lecture rétrospective

par un ancien militant marxiste-léniniste (ML) de Rennes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .199

Philippe Buton,

La grève du Joint français et les gauchistes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..215

Hugo Melchior,

La Ligue communiste à l’épreuve du Joint. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231

David Bensoussan,

La grève du Joint français au regard des droites bretonnes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .251

Quatrième partie

EN ÉCHOS D’UNE CONTESTATION

Jerome Letournel,

« L’affaire Guy Robert » à l’usine SAVIEM de Caen.

Un conflit social emblématique des années 1968. . . . . . . . . . . . . . .267

Anne Dalmasso,

Comme au Joint ? Neyrpic, Grenoble, 1972. Entre conflictualité

de routine et conflit exceptionnel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .281

Alexandre Fernandez,

La grève Michelin de Vitoria (26 janvier-28 février 1972).

Conflit industriel et question basque. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .293

Tudi Kernalegenn,

Le work-in de l’Upper Clyde Shipbuilders (1971-1972). D’un mouvement

de la classe ouvrière en Écosse à la réémergence

d’une question nationale écossaise. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .301

Guillaume Gourgues,

Lip et l’ombre portée du Joint français.

Penser la territorialisation des luttes ouvrières . . . . . . . . . . . . . . . .321

Erwan Le Gall,

Le Joint français, 1972 et le premier « affranchissement générationnel »

du fait militaire et guerrier en Bretagne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 339

Cinquième partie

ÉPILOGUES

Francois Prigent et Alain Prigent,

Relire l’histoire par la fin. Le second conflit du Joint français (1979-1980). . . . . . . .355

Elisabeth Renault,

Grèves et mobilisations en Bretagne (années 1970-1980).

Le musée comme vivier de formes et de traces. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .373

Patrick Harismendy et Gilles Richard,

En conclusion, anatomie d’une grève singulière. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 385

Annexes – Documents sur la grève du Joint français. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .389

Les auteurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .431

---

---